“On a deux vies, et la deuxième commence quand on se rend compte qu’on n’en a qu’une.” Confucius
Je me souviens de ma vie d’avant.
Une vie confortable, un quotidien banal. Mais une impression de perdre mon temps à faire un travail qui m’ennuie, sans m’épanouir.
Un grand manque de motivation, à me demander ce que je fais là. Alors que la vie est courte et unique.
Mais comment me plaindre ? Malgré ce manque de motivation et d’envie, j’avais du temps libre. J’avais un salaire qui me permettait de largement subvenir à mes besoins. Ai-je vraiment le droit d’encore vouloir mieux ? Ne suis-je pas à la recherche d’une chimère qui n’existe pas ? Vouloir utiliser son temps pour faire un travail épanouissant, est-ce utopique, un luxe propre à nos générations ?
Mais au fond de moi, j’avais déjà la réponse à ces questions. Je n’ai qu’une vie. En ne prenant pas de risques, je savais très bien quelle allait être ma trajectoire. Je voyais suffisamment de collègues plus âgés qui comptaient les jours avant les prochaines vacances, voire la retraite pour les plus “chanceux”.
Il en faut du reniement pour aller tous les jours à son bureau, sous les néons, pour traiter des dossiers et des affaires que l’on est impatient d’oublier le soir en rentrant chez soi.
Puis, à force de réflexions et de lectures, j’ai eu le déclic, un nouveau projet professionnel qui me permettrait de me réorienter vers un autre type de travail. Un projet excitant.
Jusqu’à maintenant, je m’étais laissé porter. Porté par le choix de mes études, porté par mes opportunités de stage, porté par ma première offre de CDI. Puis porté par mon CV. À chaque année d’expérience supplémentaire, mon “profil” professionnel me mettait de plus en plus dans une case et orientait mes possibilités d’évolution. Ce fut ce qui détermina le choix d’un nouveau travail après quelques années dans le premier. Changer d’entreprise mais pas vraiment de travail, les employeurs cherchant des profils expérimentés et les salariés un meilleur salaire.
Mais maintenant j’étais décidé. Je voulais un travail qui me correspondait plus. Malgré le fait de repartir de plus loin, de laisser en partie de côté mes expériences précédentes et le confort qui va avec. Et d’affronter un défi personnel : prendre du temps pour m’auto-former dans un nouveau domaine et arriver à gagner ma vie.
Je pensais que j’avais fait le plus dur en trouvant enfin un chemin qui me donnait envie.
Mais c’est là qu’il fallait prendre la décision et faire le grand saut et d’affronter mes résistances.
Affronter les obstacles et la peur
C’est normal d’avoir peur. C’est même bon signe. Contempler un chemin inconnu, une nouvelle aventure, créé forcément de la peur. C’est comme si après s’être laissé tranquillement porter par la mer toute sa vie, on décide enfin de choisir un cap et de partir tout seul à la nage.
Surmonter les croyances limitantes
J’ai essayé d’affronter la peur en rationalisant et en réfléchissant à tous les arguments pour ou contre. C’est une première étape, pas suffisante pour faire le grand saut, mais qui permet de se rassurer.
Ma première peur était de sacrifier ma carrière (et le confort associé) et ce que j’avais fait jusqu’à maintenant, de manière irréversible. Si j’échoue dans ma nouvelle aventure, il est vrai que je ne pourrai pas forcément retrouver directement les conditions que j’avais. Mais, est-ce vraiment irréversible ? Dans mon cas, je suis persuadé qu’avec des efforts, je pourrai retrouver un travail dans mon ancien domaine. Même s’il est moins bien, la carrière est longue et j’ai largement le temps de rebondir.
Quel est le pire qu’il puisse m’arriver ? “Perdre” un an à essayer un nouveau chemin puis revenir dans mon ancienne carrière à un poste “inférieur”, le temps de rebondir.
Maintenant qu’ai-je à gagner ? Trouver un travail épanouissant pour les prochaines décennies de ma vie et utilisant mon potentiel.
Et si je ne le fais pas ? Je n’ai qu’une vie et je vais passer le plus clair de mon temps à travailler dans un domaine qui ne me plaît pas vraiment, sans utiliser mon potentiel.
On a tendance à largement surévaluer les risques par rapport aux bénéfices.
“La pire chose qui peut t’arriver quand tu prends un risque professionnel, c’est d’échouer. La deuxième pire chose qui peut t’arriver, c’est de ne pas rebondir. La troisième pire chose, c’est de tomber en dépression. Quand on est à l’étape 1, on a de la marge.” Valentin Decker
Embrasser le changement
Nous sommes dans un monde qui change à toute vitesse.
J’avais une impression de sécurité en restant bien au chaud dans mon entreprise, en m’appuyant sur mes acquis. Mais dans un monde qui change, n’est-ce pas au contraire une grande force que de savoir rebondir et développer de nouvelles compétences ? N’est ce pas la compétence ultime ?
“Beaucoup de gens pensent qu’on obtient de la stabilité dans sa carrière en minimisant les risques. Mais ironiquement, dans un monde changeant, c’est l’une des choses les plus risquées que vous pourriez faire.” Reid Hoffman
De plus, je savais une chose : ce que je faisais n’était pas ce qui me ferait utiliser mon potentiel et m’épanouir.
Une chose est sûre : tant que je n’ai pas trouvé ce que j’aime faire, je fais une activité que je n’aime pas. Or pour trouver ce que l’on aime, il faut explorer. Accepter de prendre des risques, de changer, d’essayer de nouvelles activités.
Note concernant l’aspect finance : c’est évidemment un facteur important, qui n’est pas traité dans cet article. Il dépend de la situation personnelle de chacun (économies, support conjoint, chômage, secteur d’activité cible, …). Il est évident que dans certaines situations familiales, l’exploration est beaucoup plus compliquée.
Arrêter de penser au moment de se jeter
Pendant mon moment de réflexion, je suis tombé dans un piège. Le piège de tourner en rond dans mes réflexions, entre les opportunités et les risques. Il y aura toujours de nouveaux arguments, des éléments à réévaluer, des avis à demander.
Ce n’est pas forcément un moment facile. Être au carrefour d’un choix important sans réussir à se décider sur le chemin à prendre.
Mais au bout d’un moment, quand le projet est solide et qu’on sent profondément que c’est une bonne chose, il faut se lancer.
Et pour se lancer, il faut arrêter de réfléchir, prendre sa décision et sauter à l’eau. En acceptant d’avoir peur.
C’est un moment vraiment libérateur. Quand la décision est prise et prononcée, les angoisses liées au choix difficile s’envolent enfin.
On se sent libre et excité par la nouvelle aventure.
Et après ?
Une fois les obstacles surmontés et après le grand saut, que se passe-t-il ?
Après il faut travailler, il faut donner de l’énergie.
Le début paraît simple et au bout d’un moment, des doutes arrivent. Ai-je fait le bon choix ? Est-ce que je vais y arriver ?
C’est là qu’il faut aller à fond sur notre nouveau chemin. Il ne faut pas écouter ses doutes, on sait déjà que c’est un bon choix vu la décision prise. On a déjà évalué les risques. Il faut se donner la chance de réussir.
C’est d’ailleurs quand ça devient difficile que la plupart des gens abandonnent. Donc c’est même une bonne nouvelle que ça devienne difficile, c’est là qu’on peut se démarquer et passer le cap du succès.
Bien sûr, persister ne veut pas dire être aveugle. Mais les doutes sont normaux.
Je suis actuellement dans cette phase, en train d’engranger de l’expérience. Si cet article vous plaît, une suite pourrait décrire cette nouvelle partie.
Et bien sûr, rappelons-nous tous une leçon fondamentale :
“L’important, ce n’est pas la destination, mais le voyage en lui-même.”